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Bien avant que le vin ne se glisse dans ma vie en tant que "bien culturel", c'est l'art noble - des maîtres anciens à l'avant-garde - qui a nourri mes rêves et mes aspirations. J'ai trouvé dans l'art l'équilibre avec le quotidien, la contrepartie de ce que j'appelle le "coût de la vie".

En fait, j'ai aussi étudié l'histoire de l'art, je suis toujours restée religieusement émerveillée devant les tableaux des grands maîtres, j'ai essayé de décrire ce qui ne peut pas être exprimé par des mots. Le point culminant de mon enthousiasme pour l'art a été le baptême de notre fille Saskia, un prénom encore inhabituel à l'époque. Mais justement: consacré par l'art. La plus célèbre des Saskia (van Uylenburgh) est devenue la femme de Rembrandt il y a 374 ans. L'autoportrait de Rembrandt avec Saskia (Gemäldegalerie, Dresde) m'a particulièrement séduit.

Rembrandt% Autoportrait avec Saskia


Aujourd'hui, tant d'années plus tard, je ne sais pas si cette image de l'artiste en train de boire m'a aussi donné envie de boire du vin. Peut-être bien! Ou était-ce un autre tableau, d'un tout autre siècle, par exemple l'une des nombreuses natures mortes avec des raisins, ou même le Bacchus du Caravage, légèrement humecté?

Ce n'est probablement pas l'art pictural, mais l'art de faire du vin, le bon produit d'un bon vigneron, qui a pris le pas sur l'art dans mes rencontres culturelles. Je n'en veux même pas au vin pour cela.

Mais, de temps en temps, quand, en dégustant un vin, je cherche désespérément des mots, des descriptions pertinentes, des synonymes linguistiques pour les sensations et les sentiments, alors mon temps passé avec l'art me revient en mémoire.

Caravage: Bacchus


En effet, le vin et l'art se rencontrent sans cesse, et pas seulement dans les représentations artistiques, la littérature ou l'architecture. C'est aussi le cas lorsqu'il s'agit de faire du business, de souligner le caractère unique d'un vin ou tout simplement lorsqu'une impression sensorielle doit être représentée en images. Par exemple sur les étiquettes. Bien sûr, tout amateur de vin pense à Mouton Rothschild, le premier cru de Pauillac, dont l'étiquette est dessinée chaque année depuis 1945 par un grand artiste: 1947 Jean Cocteau, 1955 Georges Braque,
1958 Salvador Dali, 1964 Henry Moore, 1973 Pablo Picasso pour n'en citer que quelques-uns. L'influence particulière de ces ornements artistiques sur la valeur de collection (et finalement sur le prix) d'un vin peut être facilement constatée en Suisse avec le Mouton 1987. Un vin plutôt faible issu d'un millésime faible porte un tableau de Hans Erni, l'un des peintres suisses contemporains les plus populaires. Le millésime atteint en Suisse, lors des ventes aux enchères, des prix qui ne sont normalement payés que pour les bons millésimes de Mouton.

Mouton Rothschild 1987


La représentation sur une étiquette de vin peut aussi devenir un enjeu politique. En 1993, le vin de Mouton Rothschild avec un nu de Balthus ne pouvait pas être exporté tel quel aux Etats-Unis, pour des raisons de moralité. Pour le marché américain, il y a donc eu cette année-là une image propre et neutre. Les deux variantes - il se trouve que c'est aussi une année faible pour le Bordeaux - se négocient aujourd'hui comme des particularités à de bons prix, autour de 170 euros la bouteille, pas trop moins que le 1990, bien meilleur (environ 220 euros).

Mais quittons le lien bien connu de Mouton Rothschild avec l'art. Elle est également documentée dans la galerie d'art du château de Pauillac, qui se consacre exclusivement aux représentations du vin et de sa dégustation.

L'art au Châteaux Mouton Rothschild


Une fois de plus, je me retrouve au cœur du dilemme art ou vin. En fait, cette expérience personnelle serait une bonne illustration du thème art et vin. Mais les deux ne font pas toujours bon ménage! En effet, une bouteille de "Maréchal Foch" du pionnier des viticulteurs bio Guido Lenz d'Islisberg (Thurgovie, Suisse) est entreposée dans ma cave depuis 16 ans. La bouteille est ornée d'un tableau peint à la main et signé par l'artiste Luciano Capello. Il a peint 1020 tableaux et a ainsi fait de la récolte 1991 d'un petit viticulteur de Suisse orientale une pièce unique: "Les couleurs sont résistantes à l'eau, de sorte que l'étiquette peut être détachée et encadrée", peut-on lire sur la feuille d'accompagnement. Jusqu'à présent, je n'ai pas eu le cœur de décoller l'étiquette. L'étiquette appartient au vin, le vin à l'étiquette, pensais-je, et j'ai stocké les deux sans les séparer dans ma cave à vin. Mais maintenant, le vin est sans doute "superposé" depuis longtemps, à peine à son apogée, dans le meilleur des cas encore buvable. L'étiquette est légèrement grisée, elle n'est plus aussi fraîche et lumineuse qu'avant, sur la nouvelle bouteille. Surtout, elle est imprégnée de l'odeur sourde de la cave. Qu'est-ce que je dois faire?

"Maréchal Foch"% 1991% Guido Lenz Weinbau Islisberg

Boire le vin pour satisfaire encore un reste de mon enthousiasme pour le vin, car je n'ai encore jamais eu ce cépage dans mon verre? ("Maréchal Foch" est un cépage devenu rare, privilégié notamment par les viticulteurs bio parce qu'il est résistant aux champignons). Si je vide la bouteille, l'art est privé de sa destination, de son lien direct avec le vin. Alors, conserver la bouteille vide? Cela n'a guère de sens, car le point de référence qu'est le vin a disparu. Mais la décoller, l'encadrer et l'accrocher? Il me manque quelque chose d'essentiel à ce tableau, le vin.

L'art et le vin ne sont pas aussi harmonieusement liés que je le croyais jusqu'à présent. Ce sont deux valeurs de plaisir qui peuvent bien se rencontrer pendant un court moment, mais qui doivent ensuite souvent se séparer résolument.

Une pensée audacieuse me vient à l'esprit: pourquoi toujours emballer péniblement les descriptions de vin dans des formules standardisées depuis longtemps? Pour un vieux Lafite 1959 bien mûr, par exemple: "Rouge rubis puissant et chaud avec un soupçon d'acajou; alcool, tanins et acidité parfaitement imbriqués, généreux, avec un fort rayonnement, un arrière-goût calme et sublime". Peut-être qu'un tableau en dit plus long. Par exemple le "double portrait d'un couple en prière" du maître de l'autel Halepagen (vers 1500, collection Ludwig-Roselius, Brême). Ou - autre tentative, pour un riesling de Heyman-Löwenstein: "Un vin riche en bouquet, au fruit délicat, plein de vivacité, d'élégance, de finesse en bouche et - grâce à une agréable acidité - avec un noyau froid typique". Le Concert d'anges de Werner Gilles (1951, Hamburger Kunsthalle) ou peut-être encore mieux Ernst Wilhelm Nay, "Mit blauer Dominante" (1951, Hanovre), conviennent-ils?

Trois œuvres d'art pour deux vins


Le jeu commence à me plaire. Pour le Château des Estanilles, Cuvée Syrah, 2003 (Languedoc), que j'ouvrirai sans doute ce soir, je trouverai certainement aussi rapidement une image. Une concrète, une abstraite, une connue ou même une que j'ai peinte moi-même? L'imagination n'a pas de limites. Il y a tant de choses qui s'accordent mieux avec le vin que les mots insipides, par exemple l'art.

Cordialement
Votre/votre
Pierre (Züllig)

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