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Même la nuit, l'automne conserve ses couleurs (Photo : P. Züllig)
Ce sont des jours de réflexion, dans le gris et le brouillard de la fin de l'automne. Ils incitent à regarder vers l'intérieur, peut-être dans l'âme d'un amateur de vin. Ce n'est pas pour rien qu'il existe un certain nombre de splendides poèmes d'automne - de la poésie lyrique, selon leur catégorie littéraire - dans lesquels le vin occupe une place importante, comme symbole de l'adieu, du devenir et de la disparition, mais aussi de la maturité et de la perfection des fruits. Rainer Maria Rilke - je me suis récemment recueilli sur sa tombe, sur le côté sud de l'église, sur les hauteurs de Rarogne (Valais), avec une vue sur toute la vallée - ne peut plus voir ce qu'il voyait autrefois. Mais les vivants le voient, ils le rencontrent encore aujourd'hui dans ce qu'il a merveilleusement formé et rimé.

Jour d'automne
écrit en 1902 par Rainer Maria Rilke

Seigneur, il est temps. L'été a été très agréable.
Pose ton ombre sur les cadrans solaires,
et dans les couloirs laisse aller les vents.

Ordonnez aux derniers fruits d'être pleins ;
donnez-leur deux jours de plus au sud,
poussez-les à la perfection, et chassez
la dernière douceur dans le vin lourd.

Celui qui n'a pas de maison, s'en construit une.
Celui qui est maintenant seul le restera longtemps,
Il regardera, lira, écrira de longues lettres
Et errera sans repos dans les avenues
De part et d'autre des feuilles.

La tombe de Rainer Maria Rilke à Rarogne (Photo : P. Züllig)

L'image d'une journée d'automne, des réflexions sur la recherche d'une vie épanouie. Le fait que le vin apparaisse également ici - dans seulement trois strophes - est remarquable. Et ce n'est pas une rime du genre de celles que l'on trouve si souvent dans les chansons moqueuses et à boire : vin, soleil, aucun, Rhin, être ivre..... C'est plutôt le rythme, la sonorité de la langue, les variations dans les formes, les allitérations, les pensées contemplatives qui rendent le poème actuel, même après plus de cent ans, et qui sera probablement ressorti encore et encore pendant longtemps. Surtout lorsqu'il s'agit de maturité, d'achèvement et de recherche du sens de la vie.

Vin Heida du canton montagneux du Valais (Photo : P. Züllig)
Pardonnez-moi, l'amateur de vin, que - debout devant la tombe - non seulement son poème d'automne me vienne à l'esprit, mais aussi un vin unique du Valais autochtone : le vin de Heida. Ce n'est pas un vin lourd, ni plein de douceur. Donc ça ne correspond pas tout à fait aux vers de Rilke. Mais ce vin a rendu Visperterminen (un village valaisan d'altitude) mondialement célèbre, du moins dans le monde du vin. On dit que c'est le vignoble le plus élevé où pousse le "Heida". Pour moi, en ce moment, ce vin est emblématique du souhait de Rilke d'être enterré au sommet de la montagne (il faut marcher les 200 derniers mètres).

Le vin Heida correspond au rythme et aux pensées du poème de Rilke - ce n'est pas si farfelu - avec sa profondeur et son incroyable fraîcheur, avec des arômes prononcés d'agrumes reflétés dans la douceur, et surtout avec sa persistance et sa longueur incroyablement incisive.

Peut-être l'automne est-il précisément le moment où le plaisir du plaisir peut le mieux se marier avec la poésie. Il n'est pas nécessaire que ce soit Rilke, il y a encore tant de poètes plus ou moins grands qui ont accordé des rimes au vin. Shakespeare, par exemple, avec une logique convaincante : "Celui qui boit du vin dort bien. Celui qui boit du vin ne pèche pas. Celui qui ne pèche pas sera béni. Ainsi, celui qui boit du vin sera béni", mais Shakespeare était, après tout, un dramaturge plutôt qu'un parolier. Confirmons le thème de Schiller : "Buvez, la boisson du Labe, et oubliez la grande douleur ! Merveilleux est le cadeau de Bacchus, baume pour le cœur déchiré !"Ou encore, consacrons un moment à l'âme populaire (immortalisée sur une tuile de poêle, auteur inconnu) : "Le Dieu qui begipfelt les montagnes, Le Dieu qui bezipfelt les garçons, Le Dieu qui split les filles, Le Dieu que le vin nous préserve."

Vue sur le Bas-Valais depuis la tombe de Rilke (Photo : P. Züllig)

Mais revenons à Heida, à Raron, à la tombe de Rilke, à l'une de ses dernières œuvres. Comme pour un bon vin, il y a de quoi être perplexe. La beauté est généralement dans le non-dit. Au poète est réservée la colonne de conclusion :

Pour certains, elle est comme le vin, qui ajoute le reflet du verre
à son éclat intérieur,
d'autres la respirent comme la floraison de l'herbe,
ou elle s'efface devant eux, les hante et les effraie.

A beaucoup encore il entend secrètement, et augmente
Chaque appel à lui de la nature clarifiée.
N'en déplaise à ceux à qui elle semble refuser,
qui n'ont appris que la chambre de sa demeure ;

oui, seulement la porte, l'arc, la couronne soudaine,
oui, seulement le chemin, dont on dit,
qu'il est le dernier avant la maison toujours lumineuse
, où les cœurs, abreuvés et nourris,

...sont forts et sûrs. Où ils sont ce qu'ils voulaient dire,
Quand ils se languissaient du jour et du rendement
Et de la longue perte ou des pleurs
Nuits frappées d'un coup terrible.

Car même ceux-là, rien d'autre que le désir,
seulement dispersés discrètement, la référence entière ;
Leurs cœurs forts et brillants ont fait le tour de
Mondes de la nuit dans une proue consommée.

Cordialement
Vos

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