Régions viticoles en Allemagne

Magie du lieu - au Kaiserstuhl (photo: P. Züllig)

Je fais de temps en temps des voyages similaires, seul ou avec ma femme: aller dans une région viticole; y être; ressentir le quotidien; voir comment et où vivent les viticulteurs, comment se présentent les vignobles et les vignes; manger et boire dans des restaurants qui proposent des vins de la région; découvrir des mythes sur le vin; rendre visite à des viticulteurs de manière ponctuelle. Qu'est-ce qui distingue de tels voyages de l'habituel tourisme viticole? Peut-être ceci: Il n'est pas nécessaire de trouver les vignerons les plus renommés, de déguster les meilleurs vins, de ne boire que des grands crus et de les comparer entre eux, de distribuer des points, de peser et de justifier ses jugements, de visiter trois ou quatre domaines par jour (selon un plan minutieux), de se précipiter de rendez-vous en rendez-vous. Comment ai-je écrit? Profiter de la "magie du lieu".

Se reposer après la visite de la ville sur la place de la cathédrale à Fribourg (photo: P. Züllig).

Cela ressemble alors à peu près à cela: Visite de la ville ou du lieu, si possible avec un guide. Cela permet d'abord de sentir l'endroit où l'on va séjourner quelques jours, de fixer des priorités, de sentir les particularités, de planifier la visite des curiosités, d'explorer les possibilités de se restaurer. Les vignobles et les viticulteurs ne sont pas encore au premier plan, on s'intéresse plutôt à tout ce qu'une région a à offrir. Cette fois-ci, nous étions donc à Fribourg (dans le Brisgau), la ville verte du pays de Bade, qui nous a fait découvrir la joie de vivre d'un centre-ville à taille humaine. Dans cette atmosphère, même un Gutedel badois peut être apprécié par les amateurs de riesling. En tout cas, je constate toujours à quel point l'ambiance d'un lieu, d'une ville, d'un paysage peut être liée au plaisir de manger et de boire. Le Schäufele avec une salade de pommes de terre, un potage au vin Gutedel, une poitrine de bœuf avec une sauce au raifort, une tarte aux pommes, des Zibärtle (une eau-de-vie de prunes sauvages) pour digérer, tout cela est particulièrement bon là où il faut, dans la tradition culinaire d'une région.

Culinara (photo: P. Züllig)

Avant les viticulteurs, il y a les vignes, les vignobles. Un aspect souvent négligé de manière coupable dans l'œnotourisme: le lieu où poussent les vignes. La plupart du temps, on disparaît trop vite dans la salle de dégustation d'un domaine viticole, on s'aventure peut-être jusque dans les caves à fûts et on prend congé après avoir dégusté et chargé la voiture de quelques bouteilles achetées. Le domaine viticole est terminé, c'était intéressant, c'était sympa, c'était instructif. On a peut-être même fait la connaissance de la vigneronne, du vigneron, de la fille ou du fils du vigneron. Les questions habituelles: fermentation spontanée, levure de culture, fermeture de la bouteille, élevage en barrique, grande barrique, cépages, désignation du lieu-dit et, et, et. Le vigneron n'est pas le seul à tomber rapidement dans la routine, les personnes qui posent les questions aussi. Et voilà qu'on en arrive aux petites différences: Est-ce que tel terroir est meilleur que tel autre, est-ce que telle cuvée est plus convaincante que telle autre, est-ce que le vin n'a pas, trop ou peu de bois? C'est là que je quitte volontiers la pièce (mon appareil photo est un bon prétexte) et que je disparais dans le vignoble le plus proche, en espérant que mes amis auront de la persévérance lors de la dégustation.

Vignoble à Weil am Rhein (photo: P. Züllig)

Cette fois encore, c'est comme presque toujours: ce que je vis sur place est très différent de ce que j'avais imaginé - sur la base de mes connaissances géographiques, des images touristiques et de mon expérience du vin. Achkarren n'est pas simplement un vignoble allemand de premier plan, mais effectivement une chaîne de hauteurs du Kaiserstuhl, avec des sols de lœss et des sols volcaniques érodés; le Kaiserstuhl n'est pas simplement une moyenne montagne qui s'étend du Michaelsberg au Fohrenberg, mais aussi une région de culture des cépages riesling, silvaner, pinot noir, pinot gris, pinot blanc, gewurztraminer... généralement sur des coteaux couronnés de forêts. Ce que l'on appelle si facilement les vins badois ne proviennent pas simplement du Kaiserstuhl, la région viticole s'étend de Baden-Baden à la frontière suisse près de Weil, avec des terroirs très différents.

Chasselas dans un vignoble badois (photo: P. Züllig)

Le chasselas du Pays de Bade est très différent du chasselas suisse, qui s'appelle également chasselas en allemand. Et ce n'est pas seulement dû à la fermentation malolactique et aux clones. Je pense presque que c'est dû à la conception du vin, qui est différente dans presque tous les endroits. En tant que buveur de vin rouge - chacun a donc ses préférences - les pinots noirs m'ont particulièrement intéressé: Le pinot noir est le cépage le plus important, pas seulement en Bourgogne ou en Suisse alémanique, mais aussi dans le pays de Bade. Alors que lors de nos premiers voyages de retraités - il est vrai dans des régions viticoles un peu plus au nord - j'ai été systématiquement déçu par le pinot noir, j'ai trouvé dans le Pays de Bade de magnifiques pinots qui n'ont rien à envier au pinot noir de la Bündner Herrschaft. J'ai encore un pari en cours sur le pinot suisse, et je crains même de le perdre. C'est justement à Weil, à la frontière suisse, que j'ai dégusté le meilleur jeune pinot de ces derniers temps. Et lors d'une des soirées - cela fait aussi partie d'un voyage typique de retraité - j'ai bu un excellent pinot noir du Palatinat - mais il avait déjà huit ans et avait maintenant parfaitement intégré le bois qui domine habituellement.

Un pinot noir badois du domaine Dr. Heger à Ihringen (Photo: P. Züllig)

Je sais que des noms vous manquent maintenant: Huber, Johner, Salwey, Schneider, Heger, Stigler... Non, nous ne les avons pas tous visités. Il y en aurait encore quelques-uns, qualifiés de vignerons de pointe quand on parle de vins badois, qui récoltent aussi régulièrement les plus hautes notes des critiques de vin. Nous nous sommes certes arrêtés ici et là dans les salles de dégustation, nous avons rencontré l'un ou l'autre vigneron. Cela fait (aussi) partie d'un voyage viticole à la manière des retraités. Mais nous avons aussi pris le temps de visiter le musée des beaux-arts et de nous promener sur la montagne emblématique de Fribourg, le Schauinsland, qui luttait justement contre le brouillard. "Boire du vin dans de beaux endroits", c'est le nom d'une page librement accessible sur Facebook: "ne pas déguster, simplement boire, siroter, goûter, discuter, apprécier et écrire à ce sujet!" En d'autres termes: se laisser guider par la magie du lieu dans les régions viticoles.

Cordialement
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