De plus, le vin avait une importance dans l'histoire de notre famille (souvenirs de jeunesse) et était à l'époque étroitement lié à l'abbaye d'Einsiedeln. C'est également une histoire remarquable. Entre-temps, le monastère fait (à nouveau) son propre vin et les souvenirs de jeunesse se sont presque estompés.
Je me suis rendu à la fête d'anniversaire avec ma famille au "Luegete", un excellent restaurant surplombant le lac de Zurich. Et là, j'ai à nouveau rencontré le "Leutschner", ce vin que j'avais (presque) oublié. Le "Leutsch" et le "Luegete" sont très proches l'un de l'autre et j'ai pris depuis longtemps l'habitude de commander au restaurant, dans la mesure du possible, un vin de la région. C'est ainsi que le Leutschner - bien sûr (comme autrefois) celui de Kümin - est arrivé sur ma table.
Je l'avoue: entre-temps, je suis devenu beaucoup plus critique en ce qui concerne le vin. La nostalgie n'a plus la même signification qu'autrefois, même les bons souvenirs en matière de vin doivent résister à ce que je qualifie volontiers - non sans une nécessaire assurance - de qualité. Et alors? A-t-il résisté? Oui et non! Oui, parce qu'à ce moment-là, je ne pouvais pas imaginer de plus grand plaisir que de boire ce vin local avec cet excellent repas (bœuf Stroganoff). Je peux presque regarder en bas, vers le vignoble où il pousse. Et il dégage beaucoup de couleur locale, c'est malgré tout (ou justement à cause de cela) un vin qui peut procurer du plaisir.
Pendant longtemps, j'ai dit "un vin de campagne" avec un peu de mépris. Aujourd'hui, je suis heureux d'être à la campagne et de boire un vin au léger parfum de framboise et de cerise noire, qui n'a rien à voir avec ce que l'on donne aujourd'hui au vin par une vinification sophistiquée, un élevage en fût, une concentration et je ne sais quoi d'autre. Non, il ne peut pas exister dans ce concert de vins. En revanche, dans mon verre, il acquiert une personnalité que personne ne remarque.
Mais un reste de nostalgie? Je ne peux pas le nier.