Chateauneuf-du-Pape
Le Châteauneuf-du-Pape est sans doute le roi des vins du Rhône méridional. Les autres vins, les Côtes-du-Rhône Villages, les Rasteau, les Vacqueyras, ou les Gigondas ont aussi de la puissance, parfois de l'opulence, mais dans aucune des autres appellations on ne trouve des vins d'une telle complexité, avec un mélange comparable de puissance et de raffinement, de feu et de retenue, d'hédonisme et d'intellectualité. Aucun autre vin n'est aussi parfait pour un té à té au coin du feu qu'il ne l'est - très légèrement rafraîchi - pour un barbecue d'été, même s'il peut être assez dangereux pour ce dernier. Malgré toute sa puissance et sa complexité, un bon Châteauneuf-du-Pape peut être un plaisir à boire extrêmement simple, qui peut rapidement prendre sa revanche si vous vous y adonnez trop légèrement.
Chateauneuf-du-Pape% Source : Inter Rhône% Photo par Alain Gas |
Il existe un certain nombre de producteurs célèbres dont les vins prestigieux sont commercialisés à des prix exorbitants. Il est facile d'oublier qu'à côté des vins très recherchés des grands producteurs, la région compte un grand nombre d'excellents vins, souvent de caractère, issus de maisons moins connues, généralement abordables et qui peuvent séduire même dans leur jeunesse.
En parlant de jeunesse, le Châteauneuf-du-Pape rouge est considéré comme éminemment stockable et certains des meilleurs vins mettent plusieurs années à se montrer sous leur meilleur jour après une phase initiale de fruit écrasant. Certains d'entre eux sont capables de se développer davantage au fil des décennies. Mais ces développeurs tardifs sont en fait plutôt minoritaires. La plupart des Châteauneuf-du-Pape se dégustent le mieux dans leur jeunesse, lorsqu'ils sont presque gorgés d'irrésistibles fruits rouges pour la plupart, lorsqu'ils débordent de puissance et pourtant, grâce à leurs épices complexes et souvent leur minéralité, ils ne semblent jamais maladroits. La plupart des vins se conservent assez bien, mais ne peuvent pas conserver éternellement l'attrait de leur jeunesse. Ils deviennent souvent plus rustiques entre la cinquième et la huitième année de vie, perdant sensiblement de leur charme et de leur finesse.
Ainsi, à part les grands noms, ce sont souvent les vins plus jeunes qui nous ont particulièrement plu. Plus les échantillons vieillissaient, plus les différences entre les vins de prestige des producteurs respectifs et leurs vins de base apparaissaient, qui commençaient parfois à montrer une certaine fatigue due à l'âge après quelques années seulement. La dégustation s'est concentrée sur les années 2000, 2001, 2003 et 2004, les vins de l'année catastrophique 2002, avec ses énormes inondations dans la région, n'ayant pratiquement pas été présentés.
Où pousse le vin% Source : Inter Rhône% Photo : Isabelle Desarzens |
Les millésimes 2000 et 2001 nous ont semblé presque égaux, avec peut-être un léger avantage dans les années 2000, souvent étonnamment fraîches et compactes. Dans de nombreux cas, ils ont encore beaucoup de potentiel, tandis que les 2001 nous procurent plus souvent déjà beaucoup de plaisir. Le millésime 2003 était évidemment plus difficile à maîtriser. Les vins n'ont pas toujours trouvé leur équilibre. Les tanins sont souvent un peu plus grossiers que d'habitude et parfois, malgré des niveaux d'alcool très élevés, des notes vertes apparaissent. La plupart des vins de 2004 sont pleins et juteux, avec beaucoup de fruits séduisants et une excellente structure, ce qui devrait assurer un potentiel de vieillissement de plusieurs années même pour les vins de base.
Une spécialité largement méconnue dans notre pays est le Châteauneuf-du-Pape blanc, pour lequel on utilise principalement les variétés Grenache Blanc, Clairette et Bourboulenc, mais aussi de plus en plus souvent la Roussanne, tandis que le Picpoul et le Picardin jouent un rôle secondaire. Le vin blanc est également le plus souvent très fort, mais semble parfois un peu unilatéral lorsqu'il est jeune, surtout lorsque la phase des premiers fruits touche à sa fin. Les meilleurs exemples, cependant, mûrissent beaucoup plus longtemps que ce que l'on peut imaginer lors d'une dégustation de vin jeune. Ils développent un arôme séduisant de fruits jaunes séchés, de caramel, de miel et d'épices après quelques années de maturation en bouteille, au cours desquelles ils peuvent apparaître si stériles, rébarbatifs et oxydés que l'on est enclin à les éliminer et à les jeter dans l'évier, sans perdre leur caractère sec. Au moins les meilleurs des Chateauneuf-du-Pape blancs que nous avons dégustés, ceux de Beaucastel, du Domaine de la Solitude, de Grand Tinel, de La Gardine et de Chante-Perdrix, nous sommes convaincus d'une évolution similaire
Côtes-du-Rhône et Côtes-du-Rhône-Villages
Les Côtes-du-Rhône, pour la production desquelles 22 cépages différents peuvent être utilisés, sont le prototype du vin rouge simple pour toutes les occasions. En accompagnement simple d'un repas, d'un goûter, d'un barbecue ou d'une soirée conviviale : le choix d'un Côtes-du-Rhône est presque toujours judicieux, en raison de son caractère le plus souvent simple et ouvert. Bien qu'il existe environ 10 000 producteurs et un nombre incalculable d'embouteillages différents dans cette immense région, qui s'étend sur de vastes zones du Rhône méridional, mais comprend également des vignobles de la région de culture du Rhône septentrional, les déceptions grossières sont étonnamment rares. En effet, il n'y a guère de grands vins, mais le niveau est le plus souvent décent à bon, souvent très bon, et les prix sont très attractifs. Il n'est donc guère difficile d'acheter un très bon Côtes-du-Rhône pour moins de 7 euros. Les vins blancs sont également éclipsés par les vins rouges, mais cela vaut la peine de chercher les meilleurs d'entre eux. Ils se développent parfois mieux avec l'âge que leurs homologues rouges.
Château Grillet% Source : Inter Rhône% Photo : Isabelle Desarzens |
Les Côtes-du-Rhône Villages, qui n'existent que dans le sud du Rhône, sont soumis à des normes beaucoup plus strictes, tant en ce qui concerne l'origine et la quantité de la récolte que les cépages utilisés. Cela le rend non seulement plus fiable en termes de qualité et de caractère, même si les vins ne sont bien sûr pas toujours nécessairement meilleurs que de simples Côtes-du-Rhône. La restriction de la zone de culture aux meilleurs sites permet toutefois de produire des vins de haut niveau, que l'on ne trouve guère dans l'appellation simple. Toute une série de villages ont gagné le droit d'utiliser le nom du village sur l'étiquette en plus du nom de l'appellation en produisant des qualités fiables. De très bons représentants des Villages des Côtes-du-Rhône peuvent rivaliser avec un Vacqueyras ou un Gigondas, mais leur prix n'est pas nécessairement inférieur.
Nos préférés :