La locomotive de l'émancipation de l'Ombrie est le consortium Montefalco, présidé par Giampaolo Tabarrini, qui rayonne d'enthousiasme. Le Sagrantino monocépage y occupe une place centrale. Pour ce cépage cultivé presque exclusivement ici, il s'agit depuis toujours de maîtriser les tanins puissants dans un vin rouge profond et riche en alcool. Aujourd'hui, un nombre croissant de viticulteurs y parvient de mieux en mieux. Ce sont surtout les nouvelles exploitations qui utilisent de manière créative et variée la marge de manœuvre offerte par le règlement de production (37 mois de stockage, dont douze sous bois et quatre en bouteille).
En un coup d'œil: Plus de 300 vins d'Ombrie en dégustation
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Luca di Tomaso est, à tout juste 29 ans, le plus jeune vigneron du groupe. Avec 30 mois d'élevage en tonneaux d'occasion, son Sagrantino est assez structuré, bien que Luca ne souhaite pas une forte empreinte du bois et utilise donc aussi des cuves en ciment. Mais les quantités disponibles ne remplissent pas partout de grands fûts comme chez Agricola Mevante de Paolo et Antonella Presciutti. Les frères et sœurs produisent un sagrantino équilibré, classique et moderne avec 24 mois d'élevage sous bois.
Le Sagrantino d'Ilaria Cocco ne passe que 18 mois dans le bois, le reste dans l'acier et également dans le ciment. Elle réussit le tour de force de maîtriser les tanins avec une acidité croquante, ce qui donne au sagrantino un aspect tout à fait élégant. Les trois exploitations ont vu le jour au cours de la dernière décennie et comptent parmi les nouveaux venus prometteurs de Montefalco, qui méritent l'attention.
En termes de quantité, Orvieto est bien plus important que Montefalco. Plus de la moitié du vin produit en Ombrie provient de cette région viticole. Les vins blancs doivent être composés au moins à 60 pour cent de Grechetto et de Trebbiano Toscano, appelé ici Procanico. Un maximum de 40 pour cent peut être ajouté à partir d'autres cépages blancs. Face à ces directives ouvertes, l'identité de l'Orvieto réside dans sa diversité, en tout cas dans sa version sèche.
À l'avenir, les quatre différents types de sols de la région de production pourraient toutefois montrer la voie, comme le montre une dégustation organisée par le consortium Orvieto. Les différences entre les Orvieto Classico secs issus de sols volcaniques, sableux, argileux et alluviaux sont en effet étonnantes. Elles ne sont toutefois pas faciles à déceler dans tous les vins, car les Orvieto Classico jeunes et très frais des grands producteurs sont des cuvées.
L'exemple de Cardèto, nom donné depuis 2005 à la cave coopérative fondée en 1949, montre que le savoir-faire et la qualité ne manquent pas. Aujourd'hui, les raisins d'environ 500 hectares des quelque 80 membres sont traités dans des installations ultramodernes et trois millions de bouteilles sont produites chaque année. L'Orvieto Classico, avec sa ligne d'horizon sur l'étiquette, a son propre caractère.
C'est aussi le cas, d'une autre manière, de l'Orvieto Classico Superiore "Panata" d'Argillae. Le nom du domaine est tout un programme, car les vignes poussent ici le plus souvent sur des sols argileux qui confèrent au vin une certaine structure. C'est pourquoi la jeune Giulia Bonollo, qui dirige l'exploitation appartenant à la célèbre dynastie de la grappa depuis 2015, ose faire fermenter une petite partie du grechetto dans le bois pour son orvieto haut de gamme, ce qui le distingue particulièrement des autres orvieto.
L'Orvieto Classico Superiore "L'Escluso" de Lapone, produit en cuve d'acier, en est presque l'antithèse. Pour les viticulteurs, la note de silex renvoie à la roche volcanique sur laquelle se trouvent les vignobles. Pendant longtemps, Piero et Ramona Cantarelli ont livré leurs raisins à une grande cave, mais ce n'est que depuis une dizaine d'années qu'ils vinifient eux-mêmes.
Comparée à Orvieto, la région viticole du lac Trasimène est un nain. Les 15 caves du consortium du Trasimène, qui avait invité pour la première fois à une présentation de leur trésor: le gamay, produisent environ dix fois moins de vin. Il s'agit en fait du cépage grenache, qui est arrivé ici au plus tard au 19e siècle et qui a été élevé à l'origine comme un petit arbre (alberello) à la française.
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C'est ce qui aurait conduit à la confusion du nom, qui a néanmoins été maintenue lors de l'inscription du cépage au registre national en 1970. C'est pourquoi les gamays naissent exclusivement sur le lac de Trasimène et, contrairement à leurs frères sardes du Cannonau - le nom du grenache là-bas -, ils ne sont pas extrêmement sombres et lourds, mais plutôt d'un rouge rubis et élégant. Avec sa certaine complexité, le Trasimeno Gamay est un vin rouge sérieux que l'on n'aurait guère rencontré il y a encore dix ans.
Jusqu'à récemment, le gamay était en effet sur le point de disparaître, ce dont la cave coopérative Duca della Corgna l'a sauvé en le produisant en monocépage. Leur Trasimeno Gamay Divina Villa (étiquette blanche) en cuve d'acier, avec sa fraîcheur de baies rouges, peut tout à fait être considéré comme une référence sur laquelle d'autres viticulteurs s'appuient - également pour se démarquer. Ainsi, depuis ses premières expériences en 2008, Nicola Chiucchiurlotto de Madrevite mise également sur la pureté de tous ses vins, mais préfère souvent le ciment à la cuve en acier. Son gamay Opra est relativement sombre, fruité aux myrtilles, mais frais et léger.
Le Gamay E-trusco de Coldibetto, issu d'une cuve en acier, est d'un rouge cerise foncé, il a un parfum de cerises confites et impressionne par ses tanins croquants. Avec ce vin bio, le jeune Raffaele Chierico a remporté une médaille d'or au concours international Grenaches du Monde 2021. Pourtant, ce jeune homme de 27 ans n'a découvert sa vocation pour la viticulture qu'après des séjours missionnaires et linguistiques en Bolivie et en Angleterre, avant de reprendre la direction de l'exploitation familiale en 2016.
Torgiano a longtemps été considéré comme synonyme de Lungarotti. Grâce à Giorgio Lungarotti, le doyen de la célèbre maison de vins, la petite région viticole au sud de Pérouse a été reconnue dès 1968 comme l'une des premières appellations d'origine contrôlée d'Italie. Beaucoup de gens connaissent cependant mieux le nom de Rubesco, auquel les filles Chiara et Teresa ont apporté des modifications après la mort de Giorgio au début du millénaire: Le sangiovese est depuis lors marié au colorino au lieu du canaiolo, et l'élevage d'un an en grands fûts de bois est maintenu. Avoir résisté à l'enthousiasme de l'époque pour les barriques s'avère aujourd'hui payant: Le Rubesco est devenu plus moderne tout en restant un compagnon de repas classique grâce à son équilibre entre un fruit frais et un tanin fin.
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Outre Lungarotti, trois autres exploitations se consacrent depuis quelques années à la production de vin en plus de la production de raisin. La dynamique ombrienne réjouissante a donc également touché le petit consortium de Torgiano. Ainsi, le Rubesco a désormais des concurrents qui se distinguent assez nettement de lui.
Le fait que les vins de Terre Margaritelli soient principalement élevés en petits fûts de bois est probablement dans l'ADN de la famille. Elle fabrique depuis des décennies des traverses de chemin de fer et des parquets, notamment en Bourgogne. C'est là qu'est née une collaboration avec quelques-unes des tonnelleries les plus renommées de France. Les barriques de chêne de la forêt de Bertranges confèrent avant tout au miràntico de sangiovese, malbec et canaiolo concentration, structure et puissance.
Le petit bois est également utilisé chez Tenute Baldo et permet de révéler à la fois le fruit intense des baies des bois et le tanin croquant et granuleux de l'Auravitae, composé de sangiovese, de merlot et de cabernet sauvignon. De tels torgiano s'adressent à un public aussi curieux et jeune que l'équipe de Mattia Casini. Elle n'a repris l'exploitation que fin 2018 et déborde d'envie d'expérimenter.
Comme Lungarotti, Tenute Baldo dispose également de vignobles à Montefalco - et la boucle est ainsi bouclée: le Sagrantino fruité des nouveaux venus constitue une alternative innovante au Sagrantino structuré de la maison traditionnelle. La concurrence ainsi créée autour d'un style de vin contemporain et d'une philosophie du vin intemporelle ne fait pas seulement du bien à la scène viticole ombrienne. Mais aussi à celle de toute l'Italie.