Racé, vif, frais, élégant", c'est ainsi que mes amis allemands décrivent leur vin préféré : le Riesling, sec. Mais pour mon palais suisse - juste habitué aux vins suisses - il n'est pas aussi "sec" que le Riesling allemand. Et ce n'est pas tant une question de sucre résiduel - qui est certainement bien inférieur aux 9 g/l autorisés pour les vins secs - mais plutôt une perception subjective du goût que j'ai acquise en tant que buveur de vin rouge notoire. Une autre chose va certainement se produire lorsque mes amis amateurs de vin liront cet article "ivre" : ils se taperont les mains sur la tête - millésime 2008 - beaucoup trop vieux pour un Riesling "croustillant". A cela je réponds : non, il n'est pas trop vieux, il est clarifié. Ce sont précisément ces vins "clarifiés" - ce type de Riesling - que j'aime. Il est stockable, ce n'est pas du tout une question pour moi. Mais il ne s'agit pas d'estimer le temps nécessaire pour qu'un vin blanc devienne un cadavre. Dans le cas d'un Spätlese - comme celui-ci - cela peut certainement être dix ans ou plus. Il s'agit plutôt de l'évolution d'un vin qui prend de l'âge. Il faut peut-être y consacrer un peu de temps - et ne pas toujours le boire jeune - afin d'obtenir des impressions gustatives plus différenciées
pour apprendre que le minéral n'est pas que du minéral, que le "croustillant" n'est pas que du "croustillant" et que le racé n'est pas que du racé. Il y a bien plus que cela : tout un monde d'expériences qu'il est difficile de mettre en mots. Sommes-nous encore habitués à de telles expériences, ou plutôt, y sommes-nous réceptifs ? Sur la base de nombreuses discussions, je dois conclure : non. La jeunesse est recherchée, un "caractère jeune", quel que soit le sens qu'on lui donne. Ce Riesling de six ans d'âge de Pechstein (Forst, Pfalz) n'est ni vieux ni vénérable, mais aussi plus jeune, rien pour les buveurs de fruits primaires, mais aussi encore rien (ou peu) pour les buveurs de vieux vins (si tant est qu'il en existe encore pour les Riesling secs !) C'est, pour ainsi dire, une phase intermédiaire dans laquelle le vin est coincé, et - je l'avoue - juste ce qu'il faut pour moi. Il s'est débarrassé de sa vivacité parfois nerveuse et s'apprête à plonger dans des univers élégants, dans le silence, peut-être même dans un monde huppé, mais pas nécessairement là où les célébrités se rencontrent. Le vin montre encore beaucoup de son origine d'une zone volcanique longuement érodée sous forme de minéralité et d'une part claire de feu éteint ou de silex.