Il n'y a pas si longtemps, le Frioul était presque exclusivement une région de vins rouges. Puis, il y a environ cinquante ans, le passage au blanc a commencé. Il y a eu des défrichements et des arrachages jusqu'à ce que la région puisse devenir le centre italien du vin blanc. La "Ribolla Nera" locale (Schioppettino) et les cépages anciens similaires n'avaient plus aucune chance. Le vin rouge a également dû être adapté au "goût du jour": Le Merlot et le Cabernet Sauvignon, cépages internationaux, sont désormais les cépages rouges dominants dans le Frioul. Ils constituent la base des vins rouges phares de la région. Le Montsclapade est un tel vin, un "assemblage de Bordeaux", 60 % de Cabernet Sauvignon et 40 % de Merlot, élevé en barriques françaises. Il doit vieillir en bouteille et n'atteint sa véritable maturité de consommation qu'après cinq ans ou plus.
J'ai une fois acheté ce 2000 pour le faire entrer clandestinement dans une dégustation de Bordeaux en tant que "pirate". Mais il m'a semblé à l'époque trop peu "bordelais", trop mou, trop peu engagé dans ses arômes. Il a donc dû reposer dans la cave - au milieu des Bordeaux - jusqu'à ce que je le verse hier - par pure curiosité - après tout (sans dégustation de Bordeaux). Mais ce n'était pas non plus un Bordeaux hier 
Le Bordeaux n'est peut-être pas si facile à transporter dans les Colli Orientali del Friuli (les collines orientales du Frioul), à l'extrême nord-est de l'Italie. Peut-être qu'il n'a pas la force de survivre à 14 ans de vieillissement après tout. En tout cas, le vin est doux, tendre, peut-être même séduisant. Mais il lui manque ce petit quelque chose qui, en définitive, rend les assemblages de Bordeaux - aussi différents soient-ils - très spéciaux, uniques. Le terroir est-il plus déterminant que ce qui est finalement élaboré à partir des mêmes cépages lors de la vinification en cave? Je suis tenté de l'affirmer de plus en plus vigoureusement.