Brunello di Montalcino entre corona et changement climatique

^wein.plus: Fin avril, le consortium a demandé au Conseil agricole de la région Toscane de déclarer l'état de catastrophe naturelle pour Montalcino. Les viticulteurs vont-ils si mal?

^{Fabrizio Bindocci:} "Eh bien, la crise actuelle pourrait aussi être considérée comme une catastrophe, c'est-à-dire comme un phénomène naturel destructeur. Mais il s'agit avant tout de trouver des fonds, des aides de l'État, dont les exploitations ont un besoin urgent, car les liquidités se font rares. De plus, nous devons réorganiser tous les budgets basés sur les mesures de soutien de l'UE afin de réagir à la conjoncture négative".

^wein.plus: Le chiffre d'affaires est-il en baisse par rapport aux premiers mois de 2019? Comment les marchés se comportent-ils maintenant? Quels sont les pays qui se redressent?

^{Fabrizio Bindocci:} "Au début de l'année, tout allait encore bien. Au premier trimestre 2020, on a même livré plus de banderoles d'État aux domaines viticoles qu'à la même période en 2019 (sans la banderole DOCG, une bouteille de Brunello ne peut pas être mise en circulation - NDLR). Puis le lockdown est arrivé et tout s'est soudainement arrêté. Les marchés ne se remettent que lentement, actuellement des signaux positifs proviennent surtout du Canada, de l'Allemagne et des pays asiatiques".

^wein.plus: Montalcino vit de l'œnotourisme. Bien que les restaurants et les hôtels soient autorisés à rouvrir depuis quelques semaines, la saison estivale sera, comme ailleurs, plutôt timide. Comment se portent les restaurateurs? Certains restaurants risquent-ils de devoir fermer complètement?

^{Fabrizio Bindocci:} "Je n'ose même pas l'imaginer. L'œnotourisme est vital pour Montalcino. En 2018, nous avons eu près de 200.000 visiteurs et plus de 75.000 nuitées. Et cela pour un village de 6.000 habitants!"

^wein.plus: Comme on peut le lire, le consortium veut augmenter les investissements dans la publicité et le marketing. Quelles stratégies allez-vous adopter?

^{Fabrizio Bindocci:} "Pour réagir à la crise, il est nécessaire d'intensifier le marketing, de continuer à renforcer la marque Brunello tout en visant, comme par le passé, la qualité absolue dans le vignoble et la cave. Nous misons sur nos produits haut de gamme et leur promotion ciblée par le biais d'une stratégie multicanale, en particulier les outils numériques Focus sont actuellement à l'honneur".

^wein.plus: Heureusement pour les viticulteurs, l'importante présentation annuelle du millésime "Benvenuto Brunello" a encore pu avoir lieu sans problème en février. ProWein et Vinitaly ont été annulés un peu plus tard. Y aura-t-il d'autres manifestations du consortium cette année?

^{Fabrizio Bindocci:} "Il est encore trop tôt pour faire des annonces. Mais nous serons actifs dès que les conditions seront réunies, tant avec des événements en ligne qu'avec des événements réels."

^wein.plus: L'un des principaux défis de la viticulture est le changement climatique. Comment les viticulteurs de Montalcino s'y préparent-ils?

^{Fabrizio Bindocci:} "Avec des mesures qui sont également pratiquées dans de nombreuses autres régions viticoles du monde, afin de faire face à la hausse des températures sans conséquences néfastes pour la production viticole. Il s'agit notamment de la gestion du feuillage, du travail du sol en douceur, ainsi que de l'enherbement entre les rangs de vigne pour améliorer l'équilibre hydrique, mais aussi et surtout de la création de réservoirs d'eau pour l'irrigation d'urgence."

^wein.plus: Est-il possible de déplacer les vignobles vers des zones plus élevées?

^{Fabrizio Bindocci:} "Oui, les domaines viticoles qui disposent de terres en altitude le font déjà depuis quelques années".

^wein.plus: Sur un nombre croissant d'étiquettes de Brunello, on peut voir des taux d'alcool supérieurs à 14,5 pour cent de volume. Comment les viticulteurs veulent-ils préserver l'élégance typique de leurs vins?

^{Fabrizio Bindocci:} "L'élégance d'un vin est en effet toujours déterminée par l'interaction de plusieurs composants, elle ne dépend pas uniquement de la teneur en alcool. Tant que l'alcool est harmonieusement associé aux tanins, à l'acidité et aux autres composants du vin, la typicité du vin est préservée."

^wein.plus: A-t-on jamais envisagé la possibilité d'une réduction technique de l'alcool, comme cela se pratique dans d'autres pays?

^{Fabrizio Bindocci:} "Nous n'en avons jamais discuté et n'en voyons pas la nécessité pour le moment. Les producteurs sont toutefois ouverts à toute mesure, pour autant qu'elle ne soit pas invasive et n'affecte pas la qualité et la typicité du vin."

^wein.plus: Le domaine Banfi, situé au sud de l'appellation, expérimente actuellement 25 cépages alternatifs, dont un originaire de Géorgie. L'introduction de cépages non indigènes dans la discipline de production pourrait-elle être un avenir possible pour le Brunello?

^{Fabrizio Bindocci:} "Des consultations récentes avec nos membres ont montré que les viticulteurs veulent continuer à produire le Brunello à partir de 100% de sangiovese, nous ne changerons donc pas les règles de production à moyen terme. Les vignobles sont bien sûr libres d'expérimenter de nouveaux cépages qu'ils pourront utiliser pour d'autres vins".

^wein.plus: La tendance aux vins biologiques est généralement en hausse. Quel est le pourcentage de surface cultivée en bio à Montalcino? Comparé à l'appellation voisine Chianti Classico, le nombre de vins bio disponibles sur le marché est plutôt faible.

^{Fabrizio Bindocci:} "À Montalcino, environ 25 pour cent des domaines viticoles sont certifiés bio ou en cours de conversion. La zone de production couvre une superficie totale de 24.000 hectares, dont seulement 15 pour cent sont plantés de vignes, la moitié de la surface étant à elle seule constituée de forêts. C'est d'une valeur inestimable pour la biodiversité et la protection de l'environnement".